Premier concours de paresse

Au Vietnam, de nombreuses personnes travaillent (dans les rizières notamment. Mais au Vietnam, comme partout, il y a aussi des gens qui ne font rien. Mais alors, rien du tout…

Paresse

Et même moins que rien, ce qui, vous le voyez, n’est vraiment pas grand-chose.

C’est ainsi que sous un figuier aux larges feuilles sombres et aux fruits bien gonflés regorgeant de soleil, un homme était allongé, la bouche grande ouverte. Il attendait, sans bouger, depuis des heures. De loin, un autre homme le regardait un peu étonné. N’y tenant plus, ce curieux s’approcha.

– Que faites-vous, sous ce figuier, la bouche toujours ouverte ? Vous allez avaler des mouches.

– Non. J’attends qu’une figue tombe. Je n’ai pas le courage de tendre vers l’arbre et de cueillir les fruits.

«Ça alors, se dit le curieux. Moi, je suis paresseux mais cet homme est encore bien plus paresseux que moi.»

Nouveau « défi de paresse »

Enchanté de faire la connaissance d’un pareil personnage, il décida de s’allonger à côté de lui. Et ils attendirent ensemble, bouche tendue vers le ciel… Une figue se décida à tomber… à terre entre les deux hommes.

– Est-elle plus près de vous ou de moi ? demanda le premier

– De vous, répondit le second, loyal.

– Donc, elle est à moi, répliqua le premier. Seriez-vous assez aimable pour la mettre dans ma bouche ? La terre est basse.

Le nouveau venu était bien de cet avis. Aussi, il ramassa la figue entre ses orteils et la glissa doucement dans la bouche de son voisin. Celui-ci constata admiratif :

– Vous êtes plus paresseux que moi. J’ai encore des leçons de paresse à prendre. Acceptez-vous d’être mon professeur ?

– Avec plaisir.

Ils n’en dirent pas plus. Cette conversation les avait bien assez fatigués. Il leur fallait se reposer. Ils s’endormirent au son des sonnettes de bicyclettes et au bruit des vélomoteurs, il y a peu de voitures au Vietnam.

Second concours de paresse

Le lendemain, le futur élève frappa à la porte de son maître, lui apportant, comme c’est l’usage, un cadeau : un régime de bananes.

– Je n’ai pas de table où déposer votre offrande, dit le maître. Il faudrait aller en chercher une dans la cour.

– Oh ! non, dit l’élève. Je suis bien trop fatigué. Il m’a déjà fallu porter ces bananes jusqu’ici… Vous n’avez qu’à prendre mon dos pour vous servir de table.

Qui a gagné ce concours de paresse ?

En disant ces mots, il s’allongea par terre, les mains posées bien à plat sur le plancher. Alors, l’autre lui dit avec le plus profond respect :

– Je crois qu’hier nous avons fait erreur. C’est vous le plus paresseux des deux. C’est à vous d’être mon maître. Si vous le voulez bien, c’est moi qui serai votre élève..

Il n’y eut pas de réponse à cette proposition ; car la « table » sur le sol s’était déjà endormie.

 Soyez tenu(e) au courant du prochain article

S’inscrire au blog