La permaculture, c’est la méthode qui monte.  Et si vous tentiez l’aventure…

Nous avons abordé, dans l’article « 7 bonnes questions à se poser si l’on veut réaliser un jardin« , l’utilité de connaître au préalable la nature du terrain du jardin pour obtenir un rendement substantiel. Puis nous avons écrit un plaidoyer pour les mauvaises herbes dans lequel nous évoquions l’utilité de quelques plantes (dont le chénopode, grand révélateur de la présence d’azote dans le sol).Chénopodes

Attardons-nous maintenant sur 7 plantes bio-indicatrices de la structure de votre sol. [Nous en verrons d’autres dans un article ultérieur].

Qu’est-ce qu’une plante bio-indicatrice 

  •  Le sol est un énorme réservoir de graines dont certaines sont  en attente des conditions idéales pour sortir de terre. Lorsque les conditions de sol et de climat sont réunies, ces graines vont germer, c’est ce que l’on appelle la levée de dormance.
  • Lorsque certaines plantes dominent, on peut en déduire les conditions du sol dans lequel elles ont poussé et la dynamique de celui-ci. On peut ainsi connaître les gestes à effectuer pour en améliorer la fertilité, la structure (trop argileuse, trop sableuse…). Si votre terrain est envahi de chénopodes, inutile d’ajouter un amendement en azote !
  • Avant d’être acteur, le « permaculteur » se doit  d’être observateur  !
  • La nature tend toujours vers l’équilibre et il est important de comprendre que les plantes bio-indicatrices sont une première réponse de la nature pour ramener le milieu vers son équilibre. (par exempleles orties et les chénopodes se nourrissent de l’excès d’azote).
  • Ce que l’on souhaite faire, c’est simplement accélérer l’action des plantes et amener l’environnement vers un stade qui va être propice aux plantes du potager et du verger.
  • Ce n’est pas parce que vous allez laisser une plante monter en graines et se ressemer toute seule que les graines de celle-ci vont effectivement lui succéder la saison suivante, car, si vous avez modifié la structure de votre sol (en l’aérant, en l’amendant…), il est possible que les conditions de germination de la plante ne soient plus réunies.
  • Une plante arrivée dans votre jardin sans votre intervention a une raison d’être là, ce n’est pas parce que vous ne l’avez pas plantée qu’elle ne sera pas utile pour vous.
  • Un exemple: les rumex. Leur habitat naturel se trouve dans les marécages et tourbières; ils poussent  généralement sur un substrat acide. Ils nous indiquent que le terrain est imbibé d’eau, compact. Ils se séparent en deux groupes :
    1. plantes dioïques (petite taille) avec les oseilles.
    2. plantes hermaphrodites (grande taille) avec les patiences. Rumex

Quel est le rôle des plantes sauvages ?

  • Les plantes sauvages arrivent pour améliorer et protéger votre milieu. Elles peuvent aider à régler un problème au niveau de votre sol, donc, avant de les arracher sans observez-les, identifiez-les et écoutez ce qu’elles ont à vous dire.  En «lisant» les plantes bio-indicatrices sur votre terrain, vous pourrez donc savoir ce qui se passe dans votre sol et savoir ce que vous devez faire pour corriger ou non la situation.
  • Quand une plante sauvage vous « gêne » au jardin, il suffira de l’identifier pour connaître ses besoins, ses conditions idéales de levée de dormance et d’évolution et de changer votre contexte de milieu pour que ses conditions idéales ne soient plus réunies afin qu’elle ne revienne pas.
  • Il y existe trois types de plantes : (chaque plante ayant son caractère indicateur propre).
    1.  Celles qui indiquent un excès.
    2.  Celles qui indiquent une carence.
    3.  Celles qui servent d’indicateur de la vie microbienne du sol.

Comment savoir qu’une plante est bio-indicatrice de l’état de votre sol ?

Pour qu’une plante soit considérée comme bio-indicatrice dans un milieu, il faut qu’elle soit en dominance par rapport aux autres espèces présentes, c’est-à-dire au moins 5 à 10 sujets par m².

Découvrons (redécouvrons) 7 plantes bio-indicatrices

Plante bio-indicatrice # 1 : Le datura (Datura stramonium)Datura sauvage

  • Habitat naturel: Espèce exotique, originaire d’Amérique, naturalisée dans les sables et limons des rivières dans toute la France. Ne pas désherber votre jardin ou vos champs sans gants et masques, la plante est extrêmement dangereuse, même par simple contact.
  • Indications sur l’état du sol: Elle peut indiquer des remontées de sels dans les sols compactés des régions littorales et/ou une salinisation des sols par excès d’irrigation.

Plante bio-indicatrice # 2 : Le coquelicot (Papaver rhoeas)Coquelicot d'or

  • Habitat naturel: Terrain remanié lors des crues des fleuves et des rivières. Clairières forestières en microclimat chaud. Le coquelicot, d’origine méditerranéenne, est une espèce qui aime la chaleur.
  • Indications sur l’état du sol:  On assiste à une brusque remontées de pH, quel qu’en soit le niveau initial (acide ou alcalin). Il nous informe également, le plus souvent,  d’un contraste hydrique: humidité hivernale et sécheresse estivale.
  • Cuisine: Les rosettes de feuilles au printemps sont comestibles crues ou cuites.

Plante bio-indicatrice # 3 :  La prêle des champs (Equisetum arvense)Prêle

  • Habitat naturel: Sols des vallées alluviales.
  • Indications sur l’état du sol: présence d’une nappe d’eau. C’est la plante des sols alluvionnaires jeunes, non encore structurés, ou au contraire, des sols déstructurés.
  • Cuisine: Utilisation des tiges fertiles cuites, les stériles n’étant pas mangeables car elles contiennent trop de silice.

Plante bio-indicatrice # 4 : Renoncule rampante (Ranunculus repens) ou bouton d’or

Renoncule

  • Habitat naturel: Vallées alluviales, forêts alluviales et riveraines. Marécages et tourbières.
  • Indications sur l’état du sol: Engorgement des sols en eau et en matières organiques.  Piétinement des jardins par temps humide. Compactage des sols, battance.  Il peut nous informer également que le travail du sol a été effectué par temps très humide.

Plante bio-indicatrice # 5 : Le pissenlit (Taraxacum officinale)Pissenlits

  • Habitat naturel: Prairies naturelles des plaines et des montagnes. Des plateaux calcaires et des vallées alluviales. Lisières et clairières forestières.
  • Indications sur l’état du sol: Engorgement en matière organique animale (fumiers). Blocage de la matière organique par le froid. Compactage des sols riches en calcaire et en matière organique.
  • Cuisine: La plante entière est comestible crue ou cuite. On peut utiliser les racines, les fleurs et les feuilles.

Plante bio-indicatrice # 6 : Le pourpier potager (Portulaca oleracea)

Pourpier

  • Habitat naturel: Originaire de l’Inde, très anciennement naturalisée. Sables et limons des vallées alluviales des fleuves et des rivières. Le pourpier se trouve surtout sous les microclimats chauds.
  • Indications sur l’état du sol, sa présence peut nous donner 4 renseignements:
    1. Sols à très faible pouvoir de rétention.
    2. Érosion, lessivage des sols laissés à nu et non protégés.
    3. Tassement et compactage par piétinement dans les jardins.
    4. Érosion des sols en été.
  •  Cuisine: Crue ou cuite, cultivée comme légume sur tous les continents. Riche en oméga-3, il rentre dans le régime crétois.

Plante bio-indicatrice # 7 : L’ortie dioïque ou grande ortie (Urtica dioca)Ortie dioique

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