Bonjour!

Enfant du «Babyboum», je suis devenu membre du «Papyboum»;

Grandir près de la nature

Mes souvenirs de l’enfance sont vagues. L’école m’ennuyait car je ne pouvais situer ni dans l’espace ni dans le temps les différents sujets qu’on essayait de nous mettre dans le crâne ! Seuls m’intéressaient le Français, l’Arithmétique … et les anecdotes du maître sur ses poules, ses ruches et  son jardin. En hiver, il taillait les branches basses des tilleuls de la cour de l’école qu’il faisait brûler au printemps (ce n’était pas interdit à l’époque) avec des fougères. Il plaçait la cendre dans le trou avant de planter ses tomates…

Je suis tout naturellement devenu adepte de l’école buissonnière : plus de leçons de choses ennuyeuses, plus de croquis de la patte arrière d’un chien ou du crâne de lapin mais que de découvertes : allongé dans l’herbe fraîche, je pouvais observer une coccinelle dévorant des pucerons sur une tige… Bref l’école de la vie!

Coccinelle dévorant des pucerons

La Pension mit un terme à ce goût de liberté. Pour échapper aux multiples contraintes, je secondais le vieux jardinier de l’établissement « Le Père Matthieu ». A son contact, j’ai appris beaucoup d’astuces remises au goût du jour, soixante ans après. C’est ainsi que je me suis familiarisé avec les différents fumiers et purins (ortie, consoude, prêle, pissenlits ...) stockés dans des grosses boîtes cylindriques ayant reçu des aliments comme des raviolis ou autres boulettes de viande et avec les différents « extraits » de plantes !!!     « Goutte-moi ça mon petit, tu m’en diras des nouvelles !…»

Cultivant à l’ancienne (on dirait maintenant bio), il n’arrivait pas à produire suffisamment de légumes pour combler nos ventres affamés. Pourtant les rangs de pommes de terre, de panais et autres légumes oubliés me semblaient longs lorsqu’il fallait les piocher ! Les responsables du collège (des progressistes !)  avaient donc recours à des produits issus d’une agriculture « moderne. »

Rappelons que dans les années 50, la France comptait 8 millions d’agriculteurs qui arrivaient péniblement à nourrir 40 millions de bouches (1 pour 5). Aujourd’hui, un agriculteur nourrit environ 100 personnes… sans compter les exportations et les surplus !  « Les Trente Glorieuses » furent caractérisées par une marche forcée vers le progrès, notamment à travers une agriculture dite  intensive. Pour produire à tout prix, il fallait mécaniser l’agriculture et utiliser engrais, pesticides, insecticides, fongicides, désherbants, farines pour les animaux … Gare à celui dont les parents n’étaient pas « dans le coup ». Il devait essuyer les quolibets du professeur et de ses compagnons d’infortune. « Ce n’est comme cela que vous réussirez à développer le pays, n’est-ce pas Monsieur… ». Pourtant aucun d’entre nous ne s’appelait Guy de Grenne !…

Une vie professionnelle imprégnée par la nature

Jeune enseignant, j’ai eu la chance de côtoyer un vieil instituteur fervent adepte des méthodes actives (Montessori, Freynet…) et de la culture « hors sol ». Chaque élève disposait d’une caisse en polystyrène récupérée chez un poissonnier dans laquelle il essayait de faire pousser des fraises, des salades, radis et des plantes aromatiques. Il pratiquait déjà une culture forcée intensive ! Dès les beaux jours, ces caisses étaient placées sur une terrasse. C’est donc tout naturellement que je l’ai imité et que j’ai recueilli bon nombre d’astuces que je vous ferai partager.

Coopérant en Côte d’Ivoire, près d’Abidjan, j’avais en charge une classe de plus de quarante élèves se contentant d’un repas par jour! La plupart des parents d’entre eux, »immigrés du Nord » étaient venus chercher du travail dans ce qu’ils croyaient être un eldorado.  Le matin était réservé au sport (avant la grosse chaleur), à l’acquisition du Français et de Maths Modernes. L’après-midi était consacré à l’étude pour les élèves (à la sieste pour les enseignants !) puis aux activités. C’est tout naturellement que j’ai créé l’atelier « Jardinage » sur un terrain collectif. Je croyais que le jardinage, tout comme le sport, allait rapprocher les 70 ethnies formant notre école !

Potager en Côte d'Ivoire, au premier plan notre pompe à eau

Potager en Côte d’Ivoire, au premier plan notre pompe à eau

Notre culture d'arachides

Notre culture d’arachides

Ainsi, sur notre concession, nous récoltions bien sûr, tous les fruits qui poussaient naturellement mangues, avocats, bananes, et nous organisions une répartition équitable à la récréation. Nous cultivions tomates, salades, manioc, arachide, et papayes… D’ailleurs les élèves m’appelaient Jean-Paul Papayer. Il y a eu depuis des J.P.P. plus célèbres !

Pose de tuteurs pour un de nos papayers

Pose de tuteurs pour un de nos papayers

Nota: Ces photos sont extraites de films super8; leur qualité est médiocre.

C’est également auprès de cultivateurs autochtones ou coopérants tels que « les volontaires du progrès » que j’ai recueilli bon nombre de renseignements et astuces que je vous ferai partager. Citons les Chinois de Formose (Taïwan). Ils avaient beaucoup de cultures de proximité, cultivaient salades et tomates sous les hévéas qui apportent la fraîcheur, plaçaient des bananeraies près des rizières afin de ne pas gaspiller l’eau. Ils irriguaient leurs bananeraies lorsque, avant la récolte du riz, ils asséchaient leurs rizières. Ils pratiquaient déjà le compostage… C’est à leur contact que j’ai appris par exemple, que l’on peut placer une banane pourrie dans le trou avant de planter une tomate. Je vous parlerai également de la culture zaï pratiquée au Mali et en Haute-Volta (l’actuelle Burkina Faso).

De retour en France, dans mon nouvel établissement, je me remis à pratiquer la culture « hors sol » et ce que j’appelle « l’école buissonnière organisée »: nous sortions souvent pour aller observer les ruches ou le jardin de tel ou tel élève, les plantes sauvages, les empreintes d’animaux sur la neige l’hiver …

Puis de nombreuses activités toutes plus intéressantes les unes que les autres (l’informatique pour tous) m’obligèrent à mettre en veilleuse le jardinage à l’école.

Un projet formidablePlan de jardin

C’est  le projet « Jardinage pour tous » de ma dernière école  qui mérite d’être cité. L’établissement dispose d’un terrain bien ensoleillé. Ce projet a été réalisé grâce au concours de personnes handicapées et de leurs responsables. Le jardinage est devenu une école de patience, d’entraide, de tolérance, d’acceptation de la différence. Bref une école de la vie… L’informatique et le numérique étaient en plein essor et firent un mariage salutaire !

Une élève repique sa tomate

Une élève repique sa tomate

Un élève repique sa salade

Un élève repique sa salade

Notre coin jardin

Notre coin jardin

Visite du jardin lors de son inauguration

Visite du jardin lors de son inauguration

Une troisième mi-temps (!) dans la nature et la culture

Je vais donc essayer de partager les connaissances acquises grâce  surtout à l’expérience de mes parents et de ma grand-mère paternelle. Pétris du bon sens paysan, ils furent de véritables encyclopédies de la nature et de vrais écologistes… silencieux.

Un grand merci également à mes deux fils qui, dès leur plus jeune âge, sont « tombés » dans le chaudron de l’informatique et du numérique comme Obélix dans la potion magique et qui ont « monté » ce blog. Un grand merci également à mon épouse, spécialiste des confitures, qui connaît à merveilles les vertus des plantes. Que de tisanes nous avons bues !

Quant à moi, pris entre ces deux générations, je n’hésiterai pas à utiliser souvent, comme Astérix, la fiole contenant le précieux liquide !

Croquer une salade et un radis fraîchement cueillis, grignoter des fraises et autres fruits rouges, mordre à pleines dents dans une tomate mûrie au soleil, savourer des herbes aromatiques… pourrez-vous longtemps encore résister à l’appel gourmand de ces délices du potager ?

Pour les Chinois, « la vie débute le jour où l’on débute un jardin », qu’elle devienne merveilleuse le jour où vous commencerez votre potager !

Ce blog se veut facile, simple, ludique. Vos remarques seront les bienvenues. En pratiquant une culture propre, naturelle et raisonnable, en  mettant en pratique la « sobriété heureuse » prônée par Pierre Rabhi, mon mentor, nous devenons membres de la grande  famille des écocitoyens responsables et silencieux, et nous actualisons ce proverbe d’origine africaine, attribuée à Saint-Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. »

Culture du riz

Culture du riz

Terminons par ces mots de Jean-Marie PELT ( dans la préface de l’ouvrage de Michel BOTINEAU: « Les plantes du jardin médiéval ») : Dans notre monde globalisé, mondialisé, l‘attachement aux racines apparaît de plus en plus comme une condition de survie. Une fracture sépare la longue lignée des générations depuis que la modernité, systématiquement valorisée au détriment de la tradition, a rompu les équilibres fondamentaux qui autrefois, à l’inverse reliaient chaque génération à celle qui la précédait et qui lui transmettait son savoir, ses valeurs, son éthique, sa morale … 

Tout comme en son temps, j’ai essayé d’éviter la fracture informatique, j’essaie d’éviter, d’une manière modeste, cette nouvelle fracture. Bonne route.  Bon jardinage !  Cordialement Jean-Paul

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